La chercheuse Zahra Ali, doctorante en sociologie à l'EHESS et à l'Institut français du Proche-Orient, a publié le 10 octobre une tribune sur le site du Nouvel Observateur, intitulée «Je suis musulmane et féministe, ne soyez pas surpris!».
Zahra Ali est présentée comme une pratiquante et porte le voile. Elle a en outre publié à la fin du mois de septembre un ouvrage collectif intitulé "féminismes islamiques" aux éditions La Fabrique.
Dans sa tribune, elle remet en question la vision réductrice d’un Islam plus réactionnaire que les autres religions, et explique comment elle arrive à concilier sa foi et son engagement féministe.
«D’où vient cette certitude selon laquelle l’islam – plus que toute autre religion – serait par définition inégalitaire et oppressif à l’égard des femmes?» questionne ainsi la chercheuse.
Selon elle, cette vision de l’Islam remonterait aux «ambitions colonisatrices européennes du XIXe siècle» qui, pour être justifiées, «se présentaient comme des œuvres de "civilisations"» et disaient vouloir «libérer "la femme musulmane" du carcan culturel patriarcal islamique».
Pour Zahra Ali, «le féminisme n’est pas nécessairement passé par une mise à distance du religieux» dans le monde arabe, à l’inverse de l’Occident. En essayant de faire un travail de relecture des textes sacrés, elle estime pouvoir au contraire faire avancer, avec d’autres, la «lutte contre le patriarcat».
La chercheuse appelle ouvertement «à une réforme profonde de la jurisprudence (de l’Islam) pour garantir l’égalité à l’intérieur du cadre religieux musulman». Elle considère ainsi devoir à la fois faire face au racisme de l'héritage colonial et au conservatisme musulman.
«En affirmant tout cela, je me confronte ainsi aux dogmatismes de celles et ceux qui opposent de manière essentialiste islam et féminisme, qu’ils soient "féministes" occidentaux ou conservateurs musulmans».
Féminismes Islamiques : Rencontre-débat avec Zahra Ali from F20M on Vimeo.
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